- -Commençons par le commencement. Où êtes-vous né ? Qui était votre famille ? Des frères et soeurs ? Comment s'est passé votre enfance ? En quoi cette période de votre vie a t-elle fait de vous ce que vous êtes aujourd'hui ?
▬ Cela a commencé ?▬ Oui, John.▬ Faites ce que vous pouvez pour elle, je vous en prie.▬ Ne t'inquiètes pas.Un cri se faisait entendre. Un cri qui résonnait dans l'humble maison. Un bâtiment miteux, digne du rang de ses propriétaires. Une petite zone de terre avec un immense arbre déséché se trouvait à l'arrière. Leur richesse n'étaient certainement pas en pièces sonnantes et trébuchantes. Mon père était un homme fort et froid. Ouvrier, il travaillait du matin au soir. Ma mère, elle était serveuse dans un bar minable. En cette soirée donc, la maison résonne des cris d'une femme. Une femme qui n'est autre que ma mère. Pour une fois dans sa vie, elle n'est plus une pauvre, un rang social, c'est juste une femme qui souffre des douleurs de l'enfantement. Les rares amies se pressent autour d'elle, lui tenant la main tandis que la sage-femme guide ses efforts pour la délivrance.
▬ Respire, Annie. Tu y es presque ! Encore un petit effort.Des halètements, des râles. Et soudain, un cri. Un cri strident, vivant. De petits poumons avalent goulûment l'air, avide d'oxygène. De vie. La femme étendue dans le lit a les traits tirés, la mine pâle. Mais un maigre sourire inquiet étire ses lèvres. La sage-femme enveloppe délicatement le nouveau-né dans des langes. La mère se redresse, visiblement tendue. Sa voix fatiguée résonne alors :
▬ Et bien ?▬ C'est une fille en très bonne santé, Annie.Le soulagement se peint sur les traits de la jeune femme.
▬ Peux-tu le dire à John ?La sage-femme disparaît après avoir déposé doucement le bébé dans son landeau prévu à cet effet. Quelques minutes plus tard, mon père pénètre dans la pièce. Son visage est rayonnant et un franc sourire l'éclaire davantage. Il fait quelques pas et contemple le bébé. Puis, il tourne la tête vers son épouse.
▬ Tu as comblé tous nos vœux avec cette petite, Annie. Je te laisse te reposer à présent.Mon père fait demi-tour et s'apprête à sortir. Soudain, il s'arrête et demande :
▬ Mais au fait, as-tu songé à un prénom qui te ferait plaisir ?▬ Oui... Gia.**********************************
▬ Gia, je t'en conjure, tu vas avoir des ennuis !Mon amie ne savait plus où donner de la tête. J'avais grandi. J'étais à présent âgée de 6 ans et ne tenais pas en place. Certes, je pouvais être une enfant patiente mais j'étais également d'une impulsivité incroyable. Très intelligente, je savais manipuler son entourage, avec habileté, pour réussir à échapper à la surveillance des adultes. Mes grands yeux au regard clair mettaient bon nombre de personnes mal à l'aise. J'avais un air réfléchi. On sentait dans mon regard que j'analysais mon environnement en permanence. J'étais plutôt grande pour son âge et fine. J'avais vécu les six premières années de ma vie dans une ambiance stricte. Mais j'avais souvent besoin de m'échapper, de m'évader. Lors de mes rares pauses, je me glissais à l'insu de mes parents dans le terrain et grimpait en haut de l'arbre déséché. Un immense chêne, plusieurs fois centenaire. Je tentais toujours d'aller plus haut chaque fois. Ce qui créait des sueurs froides à Marguerite, mon amie. J'avais aujourd'hui renouvelé l'expérience et me tenait sur une branche massive de l'arbre. Je m'amusais de voir Marguerite si petite en dessous de moi.
▬ Gia, s'il te plaît, descends ! Si ton père nous voit, je risque de me faire gronder !▬ Ne t'en fais pas, Marguerite. Papa travaille, il n'en aura même pas connaissance.Je continuai donc prudemment mon ascension. J'entendis un cri et mon regard tomba sur Marguerite qui avait plaqué ses mains sur sa bouche. Que se passait-il ? Je suivis des yeux ce que fixait d'un air hébété mon amie. Et là, mon coeur rata un battement. Mon père traversait le domaine d'un pas rapide. Nul doute que j'allais passer un sale quart d'heure. Je descendis à toute allure de l'arbre, manquant de tomber. La gorge serrée, je restai immobile, bien droite, essayant discrètement de nettoyer les traces de lichen qui avaient taché ma chemise et ma jupe. Mon père se tenait à présent devant moi. Marguerite n'en menait pas large. Aussi, la surprise fut grande lorsqu'un grand sourire illumina les traits de mon père.
▬ Vite, Gia. Viens avec moi.Interdite, je suivis mon père qui marchait à une vitesse incroyable. Nous parcourûmes la distance qui nous séparait de la maison. Finalement arrivés, mon père ouvrit la porte donnant sur une pièce dans l'obscurité. J'interrogeai mon père du regard et celui-ci me fit signe d'entrer. J'aperçus alors un maigre lit dans lequel reposait ma mère. Elle avait les traits si tirés que la peur me saisit. Ma mère était-elle malade ? Allait-elle mourir ? Soudain, un bruit me fit sursauter. Je n'avais pas remarqué dans la pénombre un petit berceau. Le coeur battant, je me rapprochai et contemplai un bébé tout rose, gazouillant. Mon père se rapprocha et me posa la main sur l'épaule.
▬ Ta soeur, Gia. Elle se nomme Eléonore.Un grand sourire s'afficha sur mon visage. J'avais une soeur ! Je me tournai vers mon père. Mais soudain, je sentis une douleur au niveau de l'oreille. Mon père m'avait saisi à cet endroit et me traînait à présent hors de la pièce.
▬ Et maintenant, si tu permets, nous allons régler la petite affaire de tout à l'heure, dans le terrain.En grimaçant, je suivis mon père. Décidément, il avait très bonne mémoire...
...
- -Bien. A présent, parlons de votre adolescence, l'âge ingrat et tout ça ... Étiez-vous heureux ? Le collège, le lycée, ça vous dit quelque chose ? Avez-vous vécu un élément marquant pendant cette période ? Une découverte ? Le sexe peut-être ? Le surnaturel ?
« Ce n’est pas ce soir, ton truc de jeunes ? »« Si, si. Ca s’appelle soirée d’intégration. »Mon père avait bredouillé un vague mot d’approbation avant de louer les bienfaits des amitiés de jeunes gens du même âge et du même quartier. Je ne l’écoutai déjà plus. Il s’imaginait certainement des petites soirées jeux de société et jus de fruit. Il était sacrément loin du compte. Comme tout ado qui se respecte, je m’étais bien gardée de le détromper. La soirée d’intégration était un rituel sacré, on n’y coupait pas. Ce n’était pas que j’adorais les soirées bien arrosées, non. Je n’y étais pas hostile non plus. J’étais une adolescente somme toute banale. J’étais assez solitaire et je tenais à mon indépendance. La pression du groupe ? J’ignorai ce que c’était. Lorsque quelqu’un me tapait sur le système, j’allais voir ailleurs. Je m’entendais d’ailleurs beaucoup mieux avec les garçons qu’avec les filles. La jeunesse est un monde cruel. Les filles sont peau-de-vache entre elles. Une véritable cour avec sa reine et ses ouvrières. Très peu pour moi. N’allez pas imaginer que j’étais la caricature de l’adolescente mal dans sa peau, timide et rêvant de faire partie du groupe des greluches blondes et bien foutues sans en avoir aucun des attributs. J’étais plutôt jolie fille, je n’avais pas ma langue dans ma poche et j’avais tendance à me moquer ouvertement des filles trop superficielles. Indépendance d’esprit que j’ai gardé et qui m’a toujours été bien utile.
« Et tu vas y aller…habillée comme ça ? »Je me contentais d’un haussement d’épaule assorti de cet éternel regard bovin de l’ado qui refuse de parler d’un sujet. Je me levais rapidement et après un vague salut à mes parents, je filai en direction de la maison de Jessy. Je n’ai ni frère ni sœur, Eléonore étant morte jeune d'une maladie infantile. C’est peut-être pour ça que je n’en ai toujours fait qu’à ma tête. Allez savoir.
« Regardez-moi ces grosses vaches. Toute cette cellulite, c’est dégueulasse. »Je savais que je n’aurai pas dû venir. Et j’en avais à présent la confirmation. Une dizaine de filles en sous-vêtements était alignée en rang à l’étage de la somptueuse demeure de Jessy, qui avait la chance d'habiter une magnifique demeure. Les mecs et les filles plus âgées se trouvaient au rez-de-chaussée et huaient les bizutées. Jessy, un crayon noir dans la main, entourait les zones grasses de chaque fille, l’humiliait par une réplique bien sentie sur son physique. Je me tenais accoudée à la rambarde et, contrairement aux autres, je lui faisais face. Détendue, j’avais même l’air de m’ennuyer, ce qui était le cas. Nullement gênée d’être en petite tenue, je la dévisageais du regard lorsqu’elle se planta devant moi, son petit air suffisant sur le visage.
« Et vous avez vu celle-là ? Dis-moi, Gi’, ça fait quoi d’avoir le buste d’un garçon prépubère ? »« Tu t’es fait refaire le nez, Jessy ? »Elle se toucha le nez un bref instant, tandis que mon sourire amusé commença de l’inquiéter. Elle bégaya un bref instant que non, ce n’était pas le cas. Soudain, avec violence, je lui collais mon poing sur le dit appendice qu’elle allait, de facto, devoir se refaire. Faisant face à la foule, je brandis les bras vers le ciel en signe de victoire sur l’oppresseur. Après un flottement, les gens m’applaudirent comme ils avaient applaudi quelques minutes auparavant Jessy. La masse est stupide.
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« Tu crois que je devrais mettre la robe rouge ou la rose ? »Je jette un coup d’œil blasé à la tenue de mon amie Kim. J’ai une furieuse envie de lui dire que les deux donnent envie de gerber mais je me maîtrise. Kim a des côtés très sympas et d’autres qui m’horripilent. Son côté barbie notamment. J’étais âgée de 20 ans à l’époque. Mon bac en poche, j’avais fait mon entrée à la faculté de Biologie. Passionnée par le sujet, je m’éclatais pendant les cours. Je savais déjà ce que j’allais faire. Une thèse pour devenir chercheur. A cette époque de l’année, le bal de fin d’études était organisé, comme chaque fois. Occasion de boire, d’oublier les déboires de l’année écoulée et de rencontre l’âme sœur. J’y allais plus pour m’amuser à observer cette faune étrange qu’autre chose. Les premières années généralement n’y résistaient pas. On en retrouvait complètement éméchés le lendemain, dans des buissons en train de cuver.
« Et le collier bleu, ça ferait ressortir mes yeux, non ? »Je poussais un soupir ostensiblement audible. Allongée sur le lit de Kim, j’observais le ciel d’un air pensif. Toutes les poules allaient glousser en regardant Adam, le beau gosse de la promo et rien que ça, ça me rendait malade. Je ne connaissais pas Adam et je n’avais nulle envie de le connaître. Je ne pouvais rien faire comme tout le monde. Lorsqu’un mec était trop adulé par les filles, je le fuyais avec application. Vous avez dit contrariante ? Je détestais les playboys qui se la jouaient. J’en avais envoyé plus d’un sur la paille. A la fac, j’étais de toute façon cataloguée comme « la fille bizarre ». Et cela me convenait.
« Les boucles d’oreilles, ça va avec tu crois ? »« Kim, ton collier et tes boucles d’oreilles sont juste hideux. »Me connaissant bien, elle haussa les épaules d’un air contrarié avant de continuer à s’affairer. J’avais quant à moi, prévu une robe d’un classicisme outrageux. Les rires et les chants résonnaient dans la pièce dans laquelle nous étions. Les filles se regardaient en chien de faïence, commentant les vêtements, les coiffures et les bijoux. Kim avait déjà trouvé un cavalier et dansait en minaudant. Je me dirigeai lentement vers la terrasse, histoire de prendre l’air.
« Salut. »Je sursautai et me retournai. Un jeune homme se tenait devant moi, me regardant fixement. Je le reconnus sans mal. Adam.
« Tiens, tes groupies te laissent respirer quelques secondes ? »Il sourit plus largement, ce qui me surprit. Les beaux gosses dans son genre préfèrent les filles belles et stupides, c’est bien connu. Pas celles qui ont le sens de la répartie.
« J’ai réussi à leur échapper, oui. Ca me fait des vacances… »« C’est ça la rançon de la gloire, Super Mâle. »Il se mit à rire et un serrement de cœur inexpliqué me saisit. Allons, je n’allais pas me mettre à devenir greluche !
« Tu es bizarre comme fille, Gi’ »« Si tu veux dire par bizarre, différente de celles qui composent ton fan club, je prends ça pour un compliment. »Les heures passèrent et nous restions tous les deux, à parler de tout et de rien. Je m’étais assise sur le banc et lui à côté. En fait, il n’avait rien du mec prétentieux que j’imaginai. Il était même drôle. Je suis sûre que vous voyez le tableau. Sa main se posa d’elle-même sur ma cuisse tandis qu’il se rapprochait, ne me lâchant pas des yeux. Lorsque ses lèvres se posèrent sur les miennes, une vague de chaleur me submergea. Il venait de voler mon cœur. Et putain, ce que ça fait mal.
...
- -Je vois ... Passons à votre passage à l'âge adulte. Comment avez-vous vécu cela ? Avez-vous fait des études ? Viviez-vous toujours chez vos parents ? Et les relations amoureuses dans tout ça ? Je suis persuadé que vous avez des choses à nous dire là dessus ! Un évènement traumatisant ? Ou au contraire, une fabuleuse expérience ? Dite-nous tout !
Je sais ce que vous vous dites. Et vous avez raison, ça s’est exactement passé comme ça. On avait la vie parfaite. Je me suis installée avec lui. Tout allait bien dans le meilleur des mondes, si on met de côté la disette. Mais le meilleur restait à venir..
« Non, mon chéri. Oh, je ne sais pas, 23h peut-être… Oui, je t’aime. A ce soir. »Je raccrochai le téléphone et me prit la tête dans les mains. Il était tard. Seuls les piliers de bar étaient encore présents. Je passais la serpillère dans tout le local, lavais les verres, et nettoyais le comptoir. J'avais encore à nettoyer les tables, ranger les chaises.
« Alors, ma grande ? Tu t’en sors ? »« Tu tombes bien, Karl. Je vais pas tarder à faire la fermeture. Tu peux mettre les soulards dehors ? »Mon patron s'en chargea avant de me souhaiter une bonne soirée et de partir. Ce n'était pas un mauvais bougre, loin de là. Je jetais alors un coup d’œil à l’horloge. Il n’était que 22h. Décidément, c’était une bonne journée. J’allais même finir plus tôt. Il me tardait de voir Adam.
Je me dirigeai plus haut dans notre rue avant de marcher d’un bon pas vers notre chez nous. Tiens, bizarre, la porte est entrouverte. Je pose la main et je pousse la porte.
« Chéri ? »Ce n’est qu’un murmure étouffé qui s’est échappé de mes lèvres, comme si j’avais pressenti ce que j’allais y trouver. Des bruits sourds me guident vers notre chambre à coucher. Et là… C’est le drame. Une blondasse tente de draper sa nudité dans mes draps. Et Adam se contente de balbutier, comme tous les crétins dans sa situation :
« Tiens Gia, c’est… C’est pas du tout ce que tu crois ! »« Ah ? Mais oui, suis-je bête ! Vous n’êtes pas du tout en train de vous envoyer en l’air, c’est une variante du scrabble mais à poil ? J’y suis ? »Ils sont tous les deux pétrifiés, semblant penser que je vais exploser et tuer quelqu’un. Mon regard s’arrête sur la blonde. Elle ramasse dare-dare ses vêtements et tente de s'éclipser. Une violente gifle l'envoie valdinguer hors de la pièce. Ca fait du bien. Putain ce que ça fait mal. Tout allait déraper en une fraction de secondes. Je ne savais même pas ce que je disais. Hurlant des horreurs sur Adam, j'avais envie de lui faire mal, de le faire souffrir. Tout est flou à présent dans mon esprit. Je me revois m'avançant menaçante vers lui et la claque qui est partie sur sa joue. Son regard enflammé au moment où il se frottais le visage. Je suis née cette nuit. J'avais tout perdu. J'avais gagné autre chose.
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« Trois bières pour la cinq ! »Je jette un coup d’œil blasé à la table où trois hommes me lorgnent d'un regard aviné. J’ai une furieuse envie de lui dire que les trois me donnent envie de gerber mais je me maîtrise. Je n'ai jamais été très courageuse. J’étais âgée de 25 ans à l’époque. Je n'avais pas fait d'études, même si j'étais loin d'être stupide. Les études, ça coûte. Et avec ma famille, je ne pouvais me le permettre. Je savais déjà ce que j’allais faire. Serveuse, comme ma mère avant moi. J'allais moisir ici, devenir une vieille fille flétrie. Sans avenir et sans but. Dans ce putain de bar. Occasion de boire, d’oublier les déboires de l’année écoulée et de rencontre l’âme sœur. On en retrouvait complètement éméchés le lendemain, dans des buissons en train de cuver.
« Eh, beauté, on se sent seuls, mes copains et moi. »Je poussais un soupir ostensiblement audible. Je nettoyais le comptoir, j’observais le ciel d’un air pensif. Je détestais ce type d'hommes mais je savais très bien jouer de mon innocence, toute relative. J’en avais envoyé plus d’un sur la paille. J’étais de toute façon cataloguée comme « la fille bizarre ». Et cela me convenait. Je n'avais qu'un seul espoir, que la Mort vienne me délivrer rapidement de cette vie misérable, miteuse et ennuyeuse.
« Allez, fais pas ta timide ! »« Fous-moi la paix, gros lard. Reviens quand t'en auras une plus grosse. »Les trois hommes grommèlent puis finissent par détourner la tête, non sans avoir lâcher des volées de noms d'oiseaux à mon endroit. Peu m'importe, j'ai l'habitude. Je me dis qu'un jour, un homme entrera peut-être dans ce bar, et que je pourrais partir loin. Pourquoi je ne pars pas seule ? Le courage, toujours le problème... J'avais eu un homme dans ma vie. Je l'avais aimé. Cinq années de vie commune et même pas un au revoir, du jour au lendemain. Je lave les verres, les pensées nichées dans mes idées morbides, avec plaisir, avec bonheur. Ce sera soit un homme, soit la Mort. Beau programme... La porte s'ouvre et un courant d'air vient me tirer de mes songes mortifères. Je tourne machinalement la tête. Un jeune homme se tenait devant moi, me regardant fixement avant de s'assoir à une table. Un je-ne-sais-quoi me pousse à l'observer. Une fureur dans ses yeux, un feu dévorant qui me rappelle celui qui m'habite jour et nuit. Je m'approche.
« Qu'est-ce que je vous sers ? »Il sourit plus largement, ce qui me surprit. Une drôle de sensation au niveau de l'estomac. Et en quelques secondes, je sais que c'est lui.
« Surprenez-moi... »« Tenez, voici notre meilleur whisky. Et la serveuse est offerte avec, si vous l'emmenez avec vous. »Son regard était perçant et son teint blafard.
« Tu as quelque chose de particulier.»« On me l'a déjà dit, oui. »Cet homme était vraiment particulier. Je sentais mes poils se dresser sur mes bras lorsque mon regard s'attardait sur lui. Je m'installais rapidement à ses côtés, affrontant le regard acerbe du patron. Sa façon de parler, il semblait tout droit sortir d'un autre temps. Nous nous sommes ainsi fréquentés durant quelques semaines. Il s'appelle Adonis. Je ne l'ai d'abord pas cru. Mais lorsqu'il s'approcha de moi, que ses lèvres se posèrent sur ma peau et que ses crocs déchirèrent ma chair, je compris qu'il n'avait pas menti. La douleur me soulagea de ma souffrance et le froid m'assaillit, enfin la sensation de ne rien éprouver. Je sombrai dans un abîme sans fond, enfin libérée de la vie. Du moins, le pensai-je.
Lorsque je me réveillais, j'étais, à mon grand regret, toujours vivante. Ou plus exactement la mort ne m'avait pas emportée. Mon créateur m'apprit tout ce que je devais savoir. Je ne sais pas au juste ce qui me lie à lui. Je suis plus qu'attachée à lui même si je n'arrive pas à abandonner ma crainte de perdre un être cher...
...
- - Assez parlé du passé ! Je veux tout savoir de votre présent. Exercez-vous une profession ? Avez-vous une famille, une âme soeur ? Et que faites- vous ici si vous n'y avez pas grandi ? Quels sont vos objectifs dans la vie ?
Depuis ma transformation, je suis restée quelques temps en compagnie de mon créateur. Adonis m’a appris tout ce que je devais savoir pour survivre, me nourrir. Mais ce que je ressens pour lui m’a fait peur et je suis partie. L’attachement m’avait coûté si cher dans ma vie humaine, j’en avais autant peur dans ma vie de vampire. Alors, je suis partie un jour, sans même un mot d’explication. Dire que je n’en ai pas souffert aurait été mentir. Je me suis réfugiée dans les bas-fonds de la ville anglaise. J’avais été serveuse durant mon adolescence humaine et je fus embauchée. Je ramenais mes proies chez moi, prétextant une attirance feinte avant de les vider de leur sang dans une sauvagerie sans égale. Je voulais qu’ils souffrent, qu’ils payent pour la douleur que je ressentais et qui ne me quittais jamais, nuit et jour. Et puis, il y a une nuit où j’ai senti que je devais quitter l’Angleterre. Pourquoi ? Je n’en sais rien. Une impérieuse nécessité. J’ai rassemblé les maigres économies que je possédais et je pris le bateau, direction les Etats-Unis.
Ce fut à la Nouvelle-Orléans que je sentis l’appel. A présent, je sais qu’il s’agit de mon maître. Le lien qui nous unit est plus fort que tout. Même si j’avais essayé de le fuir. Je ne pouvais lutter contre l’attraction qu’il exerçait sur moi. Je suis arrivée à la Nouvelle-Orléans mais je ne l’ai pas cherché. Je suis à présent danseuse de cabaret. Je n’ose m’avouer qu’un jour il franchira peut-être le seuil de ce cabaret pour me retrouver. Est-ce que je l’espère ? Peut-être. Sûrement. Mais je n’arrive toujours pas à me faire à ce que je ressens. C’est si étrange, si profond. Je repère des victimes que je vide de leur sang de la même manière que lorsque j’étais serveuse. Je les emmène chez moi avant de les tuer, lentement, intimement.
...
- -Intéressant ... Maintenant, j'aimerais que vous me décriviez quelle fut votre réaction lors de la Grande Révélation des vampires ? Quelle relation entretenez-vous avec tout ce monde surnaturel ? Et si vous en faites partie, êtes-vous à l'aise avec votre nature ? Que pensez-vous de la menace qui règne sur les loups-garous et les métamorphes ?
La Grande Révélation a beaucoup étonnée Gia. Elle n’avait jamais pensé que les vampires révèleraient leur présence au monde, étant persuadée que l’ombre des croyances et surtout de l’ignorance était la meilleure arme pour eux. Mais elle n’est pas spécialement contre le fait de s’être révélé. Certains humains sont d’ailleurs beaucoup plus faciles à tuer, venant quasiment s’offrir d’eux-mêmes comme proies. C’est encore plus amusant et il y a plus de possibilité. Naturellement, depuis la Révélation, certains humains sont beaucoup plus prudents et sur leurs gardes. Mais Gia estime que les hommes sont toujours aussi stupides et qu’ils ne savent pas gérer leurs hormones. Alors, quand une belle fille leur fait tourner la tête, ils oublient leur crainte qu’il s’agisse d’un vampire. Concernant le True Blood, Gia a déjà goûté mais n’a pas du tout aimé, elle trouve que c’est bien fade en comparaison du sang humain. Elle préfère ne pas utiliser cet artifice.
Au début, Gia a eu du mal à assumer sa situation de vampire, même si elle souhaitait mourir. Elle n’avait pas imaginé survivre à cette transformation. Mais elle a fini par assumer sa nature et apprécie à présent d’être une créature de la nuit. Elle n’a aucune animosité particulière envers les lycans et autres races, comme son créateur, mais elle considère les humains comme du bétail, certains peuvent être mignons mais ce ne sont que de savoureux en-cas.
...
- - A présent, j'aimerais pouvoir me faire une image de vous dans mon esprit ... Décrivez-vous physiquement, votre style vestimentaire, vos signes particuliers, voir votre forme animale ...
Gia n’est pas une femme repoussante et laide. Loin de là. Son visage est ouvert, avenant et semble à l’écoute des autres. Toutefois, il irradie une force et une volonté dans son regard. Ses yeux sont d’un beau ton noisette, avec de jolis reflets chocolats. Son nez est fin et long avec des narines délicates. Gia possède des lèvres pulpeuses et magnifiquement dessinées. La jeune femme est plutôt grande, elle avoisine les 1m75, ce qui la place au dessus de la moyenne. Sa longue chevelure est brune aux reflets roux. Gia a tout pour se faire remarquer, son air rebelle et insoumis transparaît dans chacun de ses gestes et ses expressions. Elle se déplace avec grâce et élégance, possédant un port de reine
...
- -Bon, et bien je crois que nous avons fini. Avez-vous autre chose à rajouter ?
Qui sait ce que l'avenir me réservera ?
...
-Et voici la cerise sur le gâteau ! Le principe est simple, je vais soit vous donner le choix entre deux possibilités et vous devrez en choisir une et une seule, soit je vais laisser une phrase en suspens et vous devrez la terminer! Vous avez compris ? C'est parti !♠ Routine ou aventure? Aventure
♠ Jour ou nuit ? Nuit
♠ Froid ou chaud ? Chaud
♠ L'amitié pour toi c'est... Quelque chose de sérieux
♠ Vampires ou loups-garous? Vampires
♠ Eau ou feu ? Feu
♠ Bien ou mal ? Quelle différence ?
♠ Tolérance ou intolérance ? Intolérance
♠ Sucré ou salé? Sucré
♠ Dominant ou dominé ? Dominante
♠ Fidèle ou infidèle ? Fidèle
♠ La vengeance pour toi c'est... Un plat qui se mange froid
♠ Hommes ou femmes ? Hommes
♠ Mature ou immature ? Immature
♠ Blanc ou noir ? Noir
♠ Le sang c'est... Délicieux
♠ Tension ou passion ? Passion
♠ Honnêteté ou manipulations ? Manipulations
♠ Seul ou accompagné? Seule
♠ La confiance pour toi c'est... Quelque chose de précieux, une fois qu'on l'a perdu, c'est fini.
♠ Livre ou télé ? Livre
♠ L'amour c'est... une illusion
♠ Juge, jury ou bourreau? Juge
♠ Le surnaturel c'est... Mon quotidien à présent
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♠ La fin ou l'infini ? Vers l'infini et au-delà !