Maxine avait eut un sursaut digne de ceux qui ont des choses à se reprocher ! La poche de sang à terre, elle la regarda avec anxiété, avant de se décider à se tourner face à l’intrus. Sa technique ? Jouer l’imposture jusqu’au bout et feindre l’infirmière en colère. La jeune femme prit donc un air mécontent, les sourcils froncés et le torse bombé. Elle s’apprêtait même à lui demander des explications, mais au moment où elle plongea son regard dans celui de l’inconnu, elle su qu’elle n’était pas la seule menteuse en ces lieux. Outre ce visage qu’elle trouva bizarrement très harmonieux, et ces yeux dont elle eut du mal à se détacher, le jeune homme ne ressemblait en rien à un patient ordinaire. Depuis quand les malades avaient un teint si frais ? Mais Maxine n’eut pas le temps de se poser dix mille questions. En une fraction de seconde, elle perçut dans son regard ses intentions et telle un tigre se jetant sur sa proie, la jolie blonde plongea à terre pour tenter de récupérer ce qu’elle avait décrété comme son bien : Cette étrange poche de sang.

- Eh ! Cria-t-elle d’un air outré. Mais ça va pas ?!

Les mains fermement accrochées à l’objet du conflit, Maxine se débattait tant bien que mal pour se débarrasser de ce bellâtre un peu trop encombrant. Elle n’avait jamais eu à faire à un tel problème auparavant. C’était la meilleure ! Comment allait-elle s’en sortir à présent si elle devait aussi gérer la concurrence ?! Une concurrence acharnée en plus ! Essoufflée et complètement décoiffée, Maxine tirait sur la poche de sang tout en poussant son assaillant de l’épaule. Une technique pas vraiment efficace … De toute évidence, la petite scientifique ne faisait pas le poids. Tandis que les deux imposteurs se roulaient par terre tels deux enfants se disputant un jouet, Maxine éprouva un bien étrange sensation au contact de la peau si chaude de son adversaire. Collés serrés comme deux lutteurs professionnels, le souffle brûlant du jeune homme caressait sa peau de porcelaine, faillant la déconcentrer de son objectif premier. A bout de souffle, il était temps pour Maxine de tenter une autre technique et de laisser place à ses talents d’actrice.

- Aïe ! Aïïïïe !!! S’exclama-t-elle avec conviction. Tu me fais mal, arrête ! T’as pas honte de t’en prendre à une fille ?

Le regard humide et suppliant, elle leva les yeux en direction du faux malade. Les cheveux en bataille et les joues rouges, elle n’espérait pas vraiment le séduire ainsi, mais peut-être éprouverait-il une certaine compassion, voir même de la culpabilité, et se déciderait enfin à lui céder gentiment la poche de sang … Oui, elle le souhaitait de tout cœur, car la prochaine étape serait beaucoup moins agréable, pour lui comme pour elle. Maxine avait certes les mains prises, mais ses dents, elles, étaient tout à fait en état de servir …

La technique de Maxine sembla fonctionner. Aussitôt avait-elle émit des gémissements de douleur que l’inconnu stoppa net et un grand silence s’installa dans la pièce. Ses yeux plongés dans le regard de la belle, il la contempla un instant, interdit. De son côté, Maxine fut immédiatement touchée par la réaction du jeune homme. Tout deux ne se connaissaient ni en blanc ni en noir, pourtant il semblait vraiment effrayé à l’idée d’avoir pu la blesser. Aussi s’attarda-t-elle sur les traits si fins de son visage, sur ses cheveux bruns ébouriffés et sur ce regard si expressif. Elle s’était tue elle aussi, étonnée que ses fausses plaintes fussent assez crédibles pour tromper son assaillant.

Penaud, le jeune homme s’excusa. Maxine pouvait ressentir la profonde gène qui l’avait envahi, surement peu habitué à malmener une demoiselle de cette sorte. Il balbutia quelques mots mais Maxine ne pu lui répondre, les lèvres pincées pour retenir le fou rire qui la gagnait. Pour autant, le voleur ne perdait pas de vue son objectif premier, et ne tarda pas à remettre le problème de la poche de sang sur le tapis. Que pouvait-il bien vouloir en faire pour que cela soit si important ? Le mot « besoin » résonna dans l’esprit de Maxine tel un SOS. En avait-elle réellement besoin ? Non, elle lui servirait seulement à faire quelques expériences, à découvrir les secrets que cachait ce sang … Mais en soit, tout ceci était-il vraiment indispensable ? Non, elle le savait. Alors quand le jeune homme lui demanda la poche avec ce ton de désespoir dans la voix, elle ne ou se résigner à lui la refuser, à une certaine condition …

- Je te la donne si tu me dis ce que tu vas en faire. Lui lança-t-elle, un sourire malicieux au coin des lèvres.

Tout ceci était trop suspect pour Maxine. Elle qui vivait avec un surnat’, elle avait appris quelques trucs pour les repérer. Aindreas lui avait toujours dit que la meilleure façon pour un humain de découvrir que son interlocuteur en était un également, c’était de le toucher. Et ça, pour l’avoir touché, elle l’avait fait … Même un peu brutalement. Et qu’avait-elle remarqué ? La chaleur de son corps, une température beaucoup trop élevé pour un humain digne de ce nom, qui de plus est se trouve dans une salle climatisée.

Un silence s’installa à nouveau, et Maxine, tenant toujours fermement la poche de sang, prit enfin conscience du ridicule de la situation. Ne pouvant se retenir davantage, elle pouffa de rire avant de tenter tant bien que mal de reprendre son sérieux.

- T’es vraiment un mec bizarre … Lui déclara-t-elle d’une voix posée et d’un ton qui faisait résonner sa remarque comme un compliment.