• -Commençons par le commencement. Où est-il né ? Qui était sa famille ? Des frères et soeurs ? Comment s'est passé son enfance ? En quoi cette période de sa vie a t-elle fait de lui ce qu'il est aujourd'hui ?

Où est-il né ? Adonis est né sous un autre nom, à la base. Depuis bien longtemps, il l’a oublié et ne s’en soucie plus. Son histoire n’a jamais eu d’importance à ses yeux…Tout ce qu’il se rappelle, et qu’il n’oubliera jamais, a été sa venue dans le monde de la nuit. Ce soir-là est le seul qu’il se rappelle de sa vie d’humain. Il faisait froid, sur son petit canapé, dans le salon. Pourtant, un beau feu brûlait dans l’âtre. C’était un mercredi, le soir à 21 heures quarante-cinq, août 1410. Il se souvenait de tout très clairement, dans sa petite maison de Londres. Sa famille n’avait jamais été très aisée, ça, il pouvait bien s’en rappeler, vu l’état qu’avait la maison. Ou peut-être l’avaient-ils été un jour ? Peu importait, après tout. Un accident dont il n’avait évidemment aucun souvenir lui avait fait perdre sa mémoire, ses souvenirs, tout ce qui concernait sa vie d’avant. Il ne connaissait ni son nom, ni qui était sa famille, ni quoi que ce soit. Il se contentait de rester là, sur le fauteuil. L’incident était restant, il n’avait rien perdu de sa forme parfaite. Comment s’était-il sculpté comme ça ? Il n’en eut jamais la moindre idée. Il se souvenait juste du froid, et que le canapé était incroyablement inconfortable.

Et puis, le bruit. Retentissant dans une des pièces de la maison qui lui était inconnue (comme tout endroit qui n’était pas dans son angle de vue, de toute façon), comme une pastèque qui éclate contre un mur, et un bruit de succion satisfait. Il ne s’en souciait pas plus que quoi que ce soit d’autre, tout ce qui se passait autour de lui n’avait pas la moindre importance, de toute façon, dans quelques minutes, il aurait oublié…et toujours, il se rappelait d’avoir oublié quelque chose. Mais pas cette nuit-là, tout était clair, malgré la noirceur grave de la nuit. Alors qu’il attendait, las, sur son canapé, un vent glacial passa dans la pièce, éteignant le feu comme une allumette qu’on souffle. Adonis était resté stoïque. Rien ne lui importait, une vie dont on ne comprend et ne se rappelle rien n’a aucune importance, après tout, il pouvait tout aussi bien mourir. Il entendit un raclement de gorge derrière lui, et lentement, sans se presser, il se retourna. Devant lui, une femme blonde le regardait en se léchant les babines. Il ne la connaissait pas, mais de toute façon, il ne connaissait personne, elle pouvait très bien être quelqu’un qu’il voyait tous les jours, il n’en avait aucune idée. Malgré tout…Quelque chose au fond de lui le poussa à observer cette femme plus en détail. Le sang sur ses lèvres lui était indifférent, comme tout ce qui l’entourait, sauf elle. Dans la nuit, elle rayonnait d’une beauté sauvage et sans âge, une beauté intemporelle qui se grava dans sa rétine aussitôt qu’il l’aperçut. Il la dévorait du regard, fasciné par ses yeux, sa chevelure, ses crocs. Il aurait voulu l’étreindre, sans raison particulière, juste sentir son contact, mais il n’eut pas le temps de faire le moindre mouvement. Sans qu’il n’ait le temps de la voir bouger, sa main enserra son cou avec force et elle entreprit de raffermir son emprise. Incapable de respirer, un sourire s’afficha sur son visage. Il avait espéré que quelqu’un mettrait fin à son existence sans sens, et c’était justement ce qu’elle allait faire. Elle était apparue comme un ange ténébreux, maitresse du voile nocturne qui l’entourait, pour lui accorder ce qu’il souhaitait. Visiblement, elle ne s’était pas attendue à ce qu’il vienne à sourire. Elle relâcha l’emprise de sa main, décontenancée. Ses traits semblaient durs, mais il voyait dans ses yeux une certaine tendresse qu’il ne comprenait pas vraiment. Et sa voix…sa voix était comme une œuvre musicale délicieuse et parfaite. Combien il aurait voulu qu’elle ne s’arrête jamais de parler !

-Tu n’as pas peur.. ?

Il considéra posément sa question. Clignant des yeux, il ne souhaitait rien de plus que la voir sourire…et puis ses lèvres, ses lèvres ! Quelle doux supplice de les apercevoir, si proches et pourtant si lointaines des siennes.

-La peur ? Je crains ne jamais en avoir entendu parler.

Suite à sa réponse, elle sembla encore plus surprise que par sa première réaction. Un léger sourire lui illumina le visage, l’espace d’une courte seconde. Elle passa sa main sur sa joue, sa langue passant doucement sur ses deux dents anormalement longues. Ses yeux ne quittaient plus celui du jeune homme. Lui avait l’impression qu’elle pouvait lire en lui juste en le fixant ainsi, comme si il n’était rien de plus qu’un livre laissé ouvert misérablement sur une table de chevet abandonné. Puis, sans même qu’il n’ait le temps de cligner de l’œil, elle se retrouva sur lui, ses dents plantées dans sa jugulaire, tandis qu’il sentait le sang quitter son corps petit à petit. La sensation était vraiment agréable…plus que tout ce qu’il pouvait imaginer, plus que tout ce qu’il pouvait se rappeler, aussi peu que cela représente. Il n’avait pas peur, il n’avait pas envie que cela finisse. Malgré tout, au bout d’un moment, il eut l’impression qu’il s’endormait. La pièce devint encore plus sombre qu’elle ne l’était déjà, et il tomba dans un étrange sommeil.

Ses yeux se rouvrirent et il tenta de se lever, de retrouver cette femme dont, fait étonnant pour lui, il se rappelait. Mais il était incapable de bouger…Il tenta de forcer un peu, remuant sous la terre et d’un coup, sans comprendre, il se retrouva projeté à l’extérieur. Dans un genre de plaine, il était entouré par la nuit, mais tout semblait si…lumineux. Il avait l’impression de se trouver en pleine journée. Tout autour de lui brillait d’une toute nouvelle teinte, qu’il n’avait jamais reconnu nulle part. Chaque mouvement attirait son regard, il se sentait aux aguets et une force indescriptible coulait en lui. Il se sentait mieux que jamais, comme un poisson ayant vécu en captivité toute sa vie que l’on relâche dans l’eau, il avait l’impression de vivre réellement pour la première fois. Tout semblait à sa portée, proche malgré la distance. Il se mit à courir sur le terrain, mais à une vitesse qu’il ne s’était jamais soupçonné. En ce qui lui semblait être deux pas, il se retrouvait à plusieurs mètres de distance. Il se fichait totalement d’être plein de terre. Levant les yeux vers le ciel, renversant sa tête en arrière, il ouvrit grand les bras, se mettant à tourner sur lui-même en observant les étoiles avec son acuité nouvelle. Son rire résonna dans toute la plaine, fort et plein de joie. Il ne s’était jamais senti aussi bien…Puis, elle apparut dans son champ de vision. Marchant voluptueusement, elle s’approcha de lui. Aussitôt qu’il l’aperçut, il s’arrêta de tourner et de rire. Sans s’en rendre compte, il se retrouva devant elle, il avait brisé la distance d’une course d’une bonne vingtaine de mètres en moins d’une seconde. Une fois devant elle, il resta un instant interdit, ne sachant que faire, puis, il tomba à genoux. Les bras le long du corps, les yeux fermés, il posa la tête contre son giron alors qu’elle posait les mains à l’arrière de son crâne. Sans un bruit, il sentit les larmes lui couler le long des joues, lentement. Des larmes de sang, mais il s’en fichait pas mal. Sa voix était pleine de reconnaissance et d’amour, un amour sans condition.

-Merci…Merci…

Elle lui fit relever la tête, et demanda son nom. Il lui répondit qu’il n’en savait rien, et sans qu’il n’ait besoin de lui expliquer son problème, elle hocha doucement la tête.

-Adonis. Adonis James D'Isanto, ça sera ton nom, mon enfant.

Il la regardait avec admiration, elle était si majestueuse…il répéta tout doucement « Adonis », alors qu’elle lui disait à son tour son nom. Il n’avait jamais vraiment connu sa condition d’humain, et il avait maintenant tout le temps de connaitre et apprécier celle de vampire…A ses côtés, pour toujours, l’espérait-il.

• -Bien. A présent, parlons de son adolescence, l'âge ingrat et tout ça ... Était-il heureux ? Le collège, le lycée, ça lui dit quelque chose ? A-t-il vécu un élément marquant pendant cette période ? Une découverte ? Le sexe peut-être ? Le surnaturel ?

L’adolescence ? Âge ingrat ? Peut-être une adolescence humaine, mais en tant que vampire ? C’était tout le contraire. L’opulence, une vie rythmée par les plaisirs et le libre-arbitre. Vampire âgé de presque 200 ans et pourtant si jeune au vu des siens, dans la fin des années 1500, il jouissait d’une vie bien plus agréable que tout ce qu’il avait pu imaginer. Bien sûr, il y avait Aleksandr, l’amant auquel sa mère se vouait corps et âme qui les accompagnait, malgré le fait qu’il ne puisse pas le supporter. De quel droit avait-il une liaison qui lui était refusée, à lui ? Mais cet imbécile avait près de 400 ans de plus que lui, il ne pouvait pas le toucher. Et même si il n’aimait pas l’amant, il admirait la personne. Un vampire d’une violence inouïe, un sauvage majestueux qui parachevait l’éducation de violence que sa créatrice avait commencé à lui inculquer. Les nuits d’Adonis et sa « famille » se résumaient à trouver de qui se nourrir, puis, les vider de leur sang jusqu’à ce qu’ils soient repus. Chaque fois, ils maquillaient leurs meurtres pour les faire paraitre normaux, accidentels, humains. Ils devenaient d’ailleurs assez bons à ça, et de temps en temps, Adonis s’amusaient à faire accuser quelqu’un d’autre, un humain qui lui avait déplu pour telle ou telle raison, lorsqu’il commettait un crime.
Après qu’il se soit fait changer à Londres, Athénaïs l’avait ramené auprès d’Aleksandr, en Ukraine. Celui-là avait simplement jeté un regard sur le vampire nouveau-né, assis dans un grand fauteuil aux allures de trône. « Hum », c’est tout ce qu’il avait dit en voyant celui qui était, en quelque sorte, son enfant. Le jeune transformé s’était rapidement fait une opinion sur ce vampire plus âgé, il ne l’aimait pas et il savait également qu’il ferait mieux de le craindre. Il dégageait une espèce d’aura meurtrière qui ne demandait qu’à s’appliquer sur lui si jamais il venait à le contrarier. Il pourrait apprendre de lui, mais ce grand blond d’Ukrainien resterait toujours à ses yeux une menace qu’il se devrait d’éradiquer, à un moment ou un autre. En tout cas, à ses côtés, ainsi qu’aux côtés de sa génitrice, il avait découvert une nuit palpitante et excitante, qu’il se refusait de quitter. Son éducation continuait paisiblement, à mesure qu’il vieillissait, comme sa haine, qui s’affinait envers Aleksandr à chaque fois qu’il touchait Athénaïs, de ses mains indignes, que ses lèvres se posaient dans son cou, qu’il la faisait rire. Les nuits où il surprenait leurs proximité, Adonis faisait comme si de rien n’était, et sortait pour chasser, seul. Ces nuits-là, il était d’une violence sans pareil.

Ces nuits étaient souvent les mêmes, il avait son petit rituel pour se calmer les nerfs et oublier combien Aleksandr et sa liaison avec Athénaïs lui insupportait. Tout d’abord, hors de lui, il trouvait un humain isolé. Là, il l’assassinait avec une rare sauvagerie, s’imaginant que ceux qu’il martyrisait ainsi n’étaient autres que son « père » de procuration. Il les vidait de leur sang, les passait à tabac, les démembrait et au final, se débrouillait pour qu’il ne reste aucune trace de leur existence physique sur la Terre. Et il faisait tout à la main, pour se calmer. En moyenne, il lui fallait 3 ou 4 humains ainsi exterminés pour qu’il ne parvienne à se calmer. Puis, à ce moment, il allait dans un lieu un peu peuplé, une soirée mondaine, un bal, un endroit où il savait qu’il y avait largement assez de gens pour qu’il puisse faire sa petite sélection de victime tranquillement. Puis, il en choisissait une, selon ses envies, selon l’odeur du sang. Il s’en approchait, avec un grand sourire avenant, et faisait une petite révérence, avant de lancer son jeu de séduction. Cherchant ce qui plaisait à ses proies, il s’amusait à en user pour les faire sombrer petit à petit sous son charme ténébreux. Puis, à un moment, bien assez tôt, il parvenait toujours à s’isoler avec sa victime. Là, il s'appliquait à soulager sa frustration virile, profitant de l’humaine qu’il choisissait pour calmer ses pulsions le temps d’une soirée. Quand il venait il se nourrissait jusqu’à ce que sa proie soit exsangue. Parfois, si le sang était vraiment intéressant ou si il se sentait particulièrement enragé ou envieux, il n’attendait pas d’avoir fini et plantait ses crocs pour boire à grandes lampées pendant qu’il continuait ses ébats. Les femmes adoraient ça, pour la plupart, jusqu’à ce qu’elles comprennent réellement ce qu’il se passait, et que la peur s’installe en elles. Jamais il n’avait touché un homme, l’image masculine dominante qu’il avait était Aleksandr, et il le haïssait, de son esprit de vampire enfantin, cette haine s’était étendue à un dédain et un certain rejet de la gente masculine. Certains vampires étaient supportables, mais jamais il ne lui serait venu à l’idée qu’être attiré par un homme était possible, il reconnaissait trop Aleksandr en tout ceux qu’il croisait.

Après ses soirées sanguinaires, il revenait chez lui, alors que l’aube commençait à naitre, généralement. Pas une trace de sang n’était présente sur ses vêtements, et ses parents étaient déjà couchés dans leurs cercueils, généralement. De temps en temps, Athénaïs lui laissait un humain attaché près de son cercueil, ou bien, comme elle connaissait son attrait pour les bonnes bouteilles, elle en prenait une particulièrement gouteuse qu’elle déposait dans son petit caveau, emballée d’un petit ruban. Ce genre d’attention était toujours touchant à ses yeux, et il en oubliait presque la raison de sa fureur, plus tôt dans la soirée. Tout se passait tranquillement, selon le train-train habituel, jusqu’en 1600. La seconde date qui s’imprima de façon indélébile dans l’esprit d’Adonis, qui s’approchait de son 200ème anniversaire. Un jour, après une de ses nuits où il avait été dans une rage incomparable, telle qu’il avait dû abattre sauvagement plus d’une dizaine d’âmes, il revint chez lui. En poussant la porte, il vit Aleksandr appuyé contre un mur, un grand blondin le tenant par le cou, le soulevant comme un enfant alors qu’un pieu était tout proche de son cœur. Malgré le plaisir que cette vision procura instantanément à Adonis, le devoir et la peur qu’un même sort ne soit réservé à sa mère lui fit sortir les crocs. La voix d’Athénaïs, en pleurs, lui fit les ranger. Plus que haineux ou belliqueux, il était surtout inquiet, maintenant. Tournant son regard dans la pièce, il la vit, aux genoux d’un garçon plus petit que lui, mais qui dégageait quelque chose de très ancien et puissant. Avec un court temps de réflexion, il comprit à qui il avait à faire. Après tout, sa créatrice lui avait tant parlé de ces deux-là ! Son bien aimé frère, Eric Northman, était le grand blond. L’autre ne pouvait être que Godric, qui était, en quelque sorte, son grand-père. Combien elle les avait narrés, deux vampires d’exception ! Il en était venu à les respecter et souhaiter les rencontrer, tant ils semblaient fantastiques...Mais que se passait-il, maintenant ? Godric se tourna vers lui, alors que les larmes de sang d’Athénaïs imbibaient le plancher. Elle n’avait rien dit en voyant son fils, aussi se retint-il de tout mouvement ou de toute parole, comprenant la dangerosité de la situation. Le doyen vampire dans la pièce pris la parole dans une langue incomprise du jeune. Aleksandr et Eric demeuraient interdits, le premier tentant de se défaire de l’emprise du second, tandis que celui-ci regardait sans trop se préoccuper de lui le nouvel arrivant. C’est Athénaïs qui répondit dans un sanglot.

-C’est la progéniture d’Aleksandr ! Il est encore tout jeune, épargne-le, je t’en prie !

Godric demeura un instant interdit, puis, il rajouta quelque chose dans sa langue incompréhensible, avant de se diriger vers la sortie, talonné par Eric qui demeura silencieux, le suivant après avoir lâché sa prise sur Aleksandr. Juste après qu’ils soient sortis, Adonis utilisa sa vitesse pour se retrouver agenouillé aux côtés de sa créatrice, la prenant contre lui, l’enlaçant de toutes ses forces, l’air profondément inquiet. Ils restèrent ainsi sans bouger pendant un moment, alors qu’Aleksandr s’était retiré, profondément blessé dans son orgueil par l’état d’impuissance dans lequel il s’était retrouvé. Demeurant interdit, Adonis n’osait rien dire. Au bout d’un moment, elle se retira un peu de son étreinte, le visage constellé de ses larmes désormais sèches. Elle passa sa main sur sa joue tandis qu’il fermait les yeux, s’appuyant contre cette main qu’il chérissait tant. Plus de peur que de mal finalement. Puis, elle dit quelque chose qui le glaça, qu’elle dit en étouffant de nouveaux sanglots.

-Adonis, mon infant…Je vais devoir te laisser…

Sa voix était douce comme le plus doux des nectars. En entendant ce qu’elle venait de dire, son teint sembla pâlir encore davantage, son regard désespéré se fixa sur le sien. Il secoua doucement la tête de droite à gauche, refusant d’admettre une telle éventualité.

-Pourquoi.. ? Tu ne vas tout de même pas les suivre.. ?

Fermant les yeux et mettant la main devant sa bouche, elle hocha doucement la tête. Les larmes de sang coulaient désormais sur leurs joues à tous les deux. Elle avait quelque chose de changé…elle semblait bien plus douce qu’auparavant. Avec lui, elle avait toujours eu cette attention maternelle, mais était-ce revoir son créateur qui l’avait bouleversé ainsi ? Adonis se contentait de répéter « non, non », espérant que le dire suffirait à la faire changer d’avis. Elle l’embrassa tendrement sur le front, puis sur les lèvres, avant de se redresser, prenant sa tête entre ses mains pour la placer délicatement sur sa poitrine, ses doigts passant doucement dans ses cheveux. Elle pleurait en silence, brisée de devoir ainsi abandonner sa progéniture.

-En tant que créatrice, je te libère.

A ces mots, quelque chose sembla se déchirer pour Adonis. Elle l’embrassa de nouveau sur le front, avant de disparaitre, le laissant là, les bras vides de son étreinte, seul face à son incompréhension. Il poussa un râle plaintif et désolé, se recroquevillant sur lui-même, les mains figées sur son visage qu’il tenait et serrait avec force. C’était injuste, trop injuste. Soudain, il se redressa, le corps arcbouté en arrière, alors qu’il hurlait à la mort, les larmes ne cessant de couler. C’était un hurlement triste, enragé, perdu. De sa vitesse de vampire, il se mit à tout briser dans la maison. Les verres, les fenêtres, les murs, les tables, chaises, tout ce qui avait le malheur de se trouver devant lui. Une fois qu’il eut fini, il se laissa tomber au pied de son cercueil, le visage toujours humide et rouge de sa tristesse ensanglantée. Dehors, le soleil se levait. Il s’endormit dans sa tristesse et Aleksandr, sans raison particulière, le glissa dans son cercueil avant d’aller rejoindre le sien. Athénaïs était partie, et il n’y avait rien à faire.

• -Je vois ... Passons à votre passage à l'âge adulte. Comment avez-vous vécu cela ? Avez-vous fait des études ? Viviez-vous toujours chez vos parents ? Et les relations amoureuses dans tout ça ? Je suis persuadé que vous avez des choses à nous dire là dessus ! Un évènement traumatisant ? Ou au contraire, une fabuleuse expérience ? Dite-nous tout !

Adonis James D’Isanto avait changé son nom pour Redwood. Maintenant qu’il était séparé de sa mère, il avait semblé à Aleksandr que c’était plus sûr, il ne savait pas comment pourrait réagir Godric et Eric, si jamais ils venaient à apprendre non seulement qu’Athénaïs avait procréé, mais en plus qu’elle avait menti. C’était avec regret qu’il avait abandonné le nom de sa créatrice, c’était en quelque sorte le dernier souvenir qu’il avait d’elle. Avec Aleksandr, il parcourut le monde, tuant, mangeant, riant, apprenant langages et coutumes pour duper leurs victimes. Du moins, après une longue période, puisqu’Adonis se retrouva incapable de rire pendant près de 100 ans. Malgré tout, les festins qu’il se faisait avec son « père » aidèrent à passer à autre chose, bien évidemment, Athénaïs avait laissé une blessure qu’il ne pourrait jamais refermer et il s’était juré de la retrouver, un jour ou l’autre…Il le fallait, de toute façon, l’idée de ne plus jamais la revoir le mettait au supplice, et seul l’espoir de pour l’étreindre à nouveau lui permettait de ne pas dépérir…ça et les orgies hilares qu’il affectionnait, le soir, avec la chasse et le bon sang. Jusqu’en 1930, Adonis était resté aux côtés d’Aleksandr, quelque part, rester avec lui lui rappelait Athénaïs, et après tout, c’était comme ça qu’il avait appris à vivre. Cependant, il le haïssait toujours maladivement, tout en l’admirant. C’était un vampire impressionnant, duquel il apprenait beaucoup. Une force incroyable, un sens de la répartie cinglant et un esprit solide. Même si cela lui faisait mal d’y penser, il trouvait qu’Aleksandr était l’exemple de ce à quoi devait ressembler un roi.
De son côté, même si il aurait préféré rencontré la vraie mort plutôt que de l’avouer, Aleksandr s’était attaché à la progéniture de son amante perdue. Il s’occupait de lui comme si il était la sienne et l’aurait protégé au prix de sa vie, même s’l ne l’admettrait jamais. Plus Adonis prenait de l’âge, plus sa jalousie et son envie de le tuer grandissait avec lui. Un soir d’été, en 1930, après s’être repus, les deux vampires étaient retournés dans leur nid fraichement installé dans les rues d’un patelin perdu de France. Tous deux étaient installés autour d’une table, Adonis avait sorti une bonne bouteille pour finir la soirée, du sang d’une cuvée bien spécial. Aleksandr, toujours aussi majestueux, s’était appuyé contre le cuir de son siège, pianotant des doigts sur sa cuisse. D’un œil curieux, il observait le jeune vampire en face de lui. Pour la première fois, il se vit à souhaiter procréer, lui, le grand vampire belliqueux et sans attache se trouvait à souhaiter une famille, en voyant la progéniture de son ancienne amante ainsi, il avait l’impression de se retrouver en lui. En vérité, il était réellement fier de ce vampire qui était maintenant dans la force de l’âge. Malgré tout, il savait que celui-ci ne l’acceptait pas réellement…Il aurait voulu changer ça, et c’est pour cette raison que, sur un ton qu’il voulait distant, il entreprit de commencer une discussion qui scellerait la suite des évènements.

-On est pas mieux sans Athénaïs, après tout, hein garçon ?

Le regard d’Adonis s’était rembruni en entendant ça. Il gardait la bouche fermée mais sa langue remuait activement sur ses dents, il ne demandait qu’à sortir les crocs, mais c’était une confrontation directe et Aleksandr était trop âgé…Tentant de demeurer le plus calme possible, il ne put s’empêcher d’être sec et froid pour sa réponse.

-Ne m’appelle pas garçon, et je t’interdis de parler d’elle comme ça.

Haussant un sourcil, Aleksandr but son verre d’une longue gorgée, hésitant à s’en resservir un petit peu. L’amener sur ce genre de terrain n’était peut-être pas une bonne idée, mais il aurait aimé être reconnu, au moins comme un mentor, si le rôle de père ne pouvait lui être attribué.

-Allez, après toutes ces années passées après qu’elle se soit lâchement enfuie, ose me dire que tu ne t’es pas amusé ? Ose me dire que tu regrettes ?

Adonis brisa le verre qu’il avait dans les mains sans s’en rendre compte. Depuis quelques temps, il avait justement pensé avec grand regret à sa mère. Il regarda Aleksandr dans les yeux, et sortit les crocs, avant de se jeter sur lui, renversant la table qui se tenait entre eux. Sa main se posa sur son cou et il serrait de toutes ses forces.

-Elle ne s’est pas enfuie, elle nous a été enlevée ! Et tu étais trop faible pour l’arrêter, malgré ton âge de fossile !

Aleksandr adopta instinctivement un air plus froid, stoïque. Il se saisit du bras du vampire plus jeune que lui et lui brisa le bras sans sommation, faisant peu de cas de son cri de douleur. Restant assis, il laissa sa jambe se déplier pour frapper violemment Adonis alors qu’il tombait à quatre pattes, le renvoyant sur le canapé duquel il était sorti, le faisant tomber en arrière. Sa voix était maintenant teintée d’amertume et de tristesse, mais aussi de son habituel ton froid et impérieux.

-Relève-toi, et excuse-toi pour cet affront. Maintenant, gamin.

Le vampire de 520 ans se releva en tâtant sa mâchoire, les crocs toujours sortis et les yeux fulminant de rage. Tout le ressenti qu’il avait emmagasiné envers cet aîné de la nuit était sur le point d’éclater. Il bouillait intérieurement, et cet espèce d’enfoiré, après l’affront qu’il venait de faire, osait lui demander des excuses ? Il s’approcha doucement, glissant son pied sous la table renversé.

-Tu as vécu trop longtemps, pitoyable relique, laisse-moi arranger ça.

Soulevant la table du pied, il l’envoya valser contre Aleksandr qui se protégea des deux bras, ne s’étant pas attendu à ça. Le bois brisa devant la résistance vampire et Adonis en profita pour s’avancer, saisissant l’un des bouts brisés de la table et voulant se servir de l’effet de surprise pour se servir de ce pieu de fortune pour enfin mettre un pieu dans le cœur rabougri de l’ancien. D’un coup de la paume de la main en plein torse, Adonis fut projeté de l’autre côté de la pièce, allant s’étaler sur le bar sur lequel trônait l’une de ses meilleures bouteilles. Il aurait voulu se relever, mais Aleksandr fut plus rapide, l’attrapant par le col, il le plaqua contre un mur et lui attrapa le poignet, lui cassant l’autre bras, celui dans lequel il tenait le pieu, pour le retourner et le pointer sur le cœur du jeune vampire. Aucun sourire narquois ne se lisait sur le visage du vieux vampire, et c’était chose rare. Malgré le danger et l’incapacité d’agir, le jeune Redwood lui cracha au visage le sang qu’il avait en bouche après la voltige qu’il venait de faire. Patiemment, le sang fut essuyé du plat de la main.

-La seule chose qui fait que je ne t’achève pas, c’est elle. C’est une faiblesse, mais c’est la seule fois qu’elle se manifestera. Tu vas sortir d’ici, et je t’assure, petit suceur pré pubère, que si je te retrouve, je te tue.

Sans un mot de plus, il le propulsa à travers la vitre située sur sa droite. Effondré dans la rue, Adonis se releva péniblement, et, surgissant de la fenêtre, le bout de la table qui servait de pieu temporaire le percuta en pleine épaule, le renversant à nouveau. Allongé contre la rue pavée, il rageait intérieurement. Il se retrouvait seul, et ce n’était pas si grave que ça, au fond, mais perdre contre lui était une atteinte grave à son honneur personnel. Trop vieux…Et le poids des années n’aiderait pas à les rapprocher au niveau de la force, puisqu’il s’élargirait pour chacun d’eux. Mais un jour ! Il se remit à nouveau sur pieds, ses bras déjà guéris. Si il ne pouvait l’avoir en combat loyal, il l’aurait en fourbe, après tout, qui pourrait lui en vouloir ? Pas maintenant, cela dit…Aleksandr était un grand vampire, tout le temps sur ses gardes, et après cet incident, il redoublerait d’attention. Non, il s’attaquerait à lui au moment où il s’y attendrait le moins, au moment où il serait le plus démuni. Sur cette pensée réconfortante, il disparut dans la nuit. Cette nuit, il devrait dormir sous terre, au lieu de jouir du confort habituel de son cercueil…Pour ça aussi, cet enfant de putain paierait, un jour ou l’autre.

• - Assez parlé du passé ! Je veux tout savoir de son présent. Exerce-t-il une profession ? A-t-il une famille, une âme soeur ? Et que fait-il ici si vous n'y avez pas grandi ? Quels sont ses objectifs dans la vie ?

Après la Grande Révélation, Adonis avait découvert un nouveau type de chasse. Maintenant, certaines de ses proies étaient préparées et cela l’amusait beaucoup. Plus de challenge, plus de danger, mais toujours le même résultat au final, il se retrouvait avec le gosier plein et celui de ses victimes était marqué de l’empreinte de ses crocs. C’est seul qu’il a pu le mieux progresser dans sa vie de vampire, entretenir au mieux son don nocturne. Sans trop savoir pourquoi, il s’était dirigé en Louisiane, vers 2010. Chaque année qui se finissait par un 10 le laissait incroyablement nostalgique, elles rappelaient l’année de sa naissance, et par extension, Athénaïs. Il ne savait pas trop ce qui l’avait guidé jusque-là, comme un lien depuis longtemps oublié, l’attirant vers ce lieu où régnait l’odeur à peine perceptible des souvenirs oubliés. C’était un sentiment qu’il n’avait pas ressenti depuis un bon moment, et il mit un temps à comprendre ce que c’était. Puis, un beau soir, il se rappela. C’était la même odeur qui régnait dans les rues de la Nouvelle-Orléans que celle qu’il avait tant aimé dans ses jeunes années de vampire.

Quand il l’avait compris, il avait fait un petit festin pour fêter ça, qu’il avait fait passer pour un accident de la route. Très subtil, effectivement. Il avait d’abord passé un peu de son sang sur les plaies de ses victimes, à qui il ne restait qu’un souffle de vie, puis, il les avait jetés d’un pont alors qu’un semi-remorque passait. Une femme d’âge mûr et ses deux filles…Deux vierges, au sang délicieux, qui trônent parmi ses bouteilles les plus exceptionnelles, et il attend maintenant qu’elles vieillissent avec patience. Depuis lors, il recherche sous couvert sa créatrice, espérant de tout cœur la retrouver, l’espoir de retrouvailles proches lui mettant le baume au cœur dans ses massacres et ses soirées de boisson. Ayant trouvé un petit nid douillet, il vit sur les ressources qu’il tient de sa mère ainsi que sur ce qu’il a pu chaparder à Aleksandr et leurs nombreuses victimes. Il est tellement facile de gagner de l’argent quand on est vampire…Pouvoir envouter les humains est réellement un don bien pratique.

Pour le moment, il attend, donc, en continuant ses recherches. Il sait que bientôt, il la retrouvera, et ce jour lui semble de plus en plus proche, bien que toujours bien trop éloigné à ses yeux. Malgré tout, il est proche…tout proche.

• -Intéressant ... Maintenant, j'aimerais que vous me décriviez quelle fut sa réaction lors de la Grande Révélation des vampires ? Quelle relation entretient-il avec tout ce monde surnaturel ? Et si il en fait partie, est-il à l'aise avec sa nature ? Que pense-t-il de la menace qui règne sur les loups-garous et les métamorphes ?

La Grande Révélation...Un évènement ayant surpris au plus haut point Adonis. Il ne s'attendait pas à ce que sa race se révèle un jour au monde humain, du moins, pas en ces termes. L'égalité avec ces déchets ? Au nom de quoi se salirait-on à fréquenter ces êtres inférieurs et ridicules ? A vrai dire, la seule chose qui l'arrange est que maintenant, il n'a plus à trouver la moindre excuse quand à sa vie nocturne. Mais bon, sans les prévenir, il aurait été tellement simple de s'approprier ce monde...La Grande Révélation est selon lui une erreur, mais ne pouvant rien faire contre, il en profite comme il peut. Il ne supporte pas du tout le True Blood, qui est selon lui un blasphème, et se refuse à y toucher (y ayant goûté une fois, il fut tellement dégouté qu'il aurait bien réduit tout le bar en miettes, si jamais un vampire qui l'accompagnait ne l'avait pas retenu).

N'ayant jamais vraiment connu ce que cela faisait d'être un humain, à cause de sa perte de mémoire, Adonis s'est toujours senti à 100% vampire, et ne comprend même pas comment il a pu un jour être d'une si basse engeance...Il n'éprouve rien de spécial envers les autres espèces, même si il met les vampires sur un piédestal, mais face aux humains, toutes les races lui semblent d'un raffinement exquis. Et si protéger des métamorphes et des loup-garous lui permettent de festoyer dans le sang...Alors l'offre est acceptée avec plaisir !

• - A présent, j'aimerais pouvoir me faire une image de lui dans mon esprit ... Décrivez-le physiquement, son style vestimentaire, son signes particuliers, voir sa forme animale ...

Avec tout ce que j'ai pu raconter, vous n'êtes toujours pas satisfait ? Et bien, je vous en prie, imaginez avec moi, le voir serait bien trop risqué. D'une assez haute stature, Adonis a évidemment gardé son physique renversant d'antan ainsi que sa jeunesse éternelle. Ayant eu l'habitude du travail manuel avant son accident, il possède une musculature finement ciselée ainsi qu'une silhouette tout à fait correcte. Assez mince, il n'en possède pas moins une force impressionnante, et pas seulement grâce à sa condition vampirique. Au bout de ses bras musculeux s'agitent des doigts fins et agiles, qui ont servi à briser bien des nuques et éventrer bien du bétail humain.

Plus haut, son menton fin encadre son visage ainsi qu'un léger duvet de barbe. Ses lèvres fines révèlent assez souvent un large sourire et son nez aquilin, remontant jusque ses yeux brun clair, dont il arrive à manier le moindre remous pour faire varier ses expression. Son visage n'est pour lui rien d'autre qu'un masque qu'il change à volonté, devenu maitre dans l'art de feindre et paraitre, s'étant habitué à jouer la comédie depuis plus de 600 ans, il est devenu un maitre en la matière et vous ne verrez que rarement sa vraie expression...Ou vous ne la verrez pas longtemps, en tout cas, la mort vous cueillera bien vite après cet exploit. Ses cheveux noirs mi-longs sont le plus souvent coiffés vers l'arrière.

Adonis aime se sentir classe et adore particulièrement les costumes et les tenues habillées, même si des vêtements plus "contemporains", du moment qu'ils ne sont pas trop ridicules peuvent parfaitement lui aller. Il privilégie le noir et il n'a gardé qu'un signe de son époque humaine : Une légère cicatrice dans le bas du dos, de la taille d'un doigt, recourbée comme un croissant de lune.

• -Bon, et bien je crois que nous avons fini. Avez-vous autre chose à rajouter ?

Il recherche activement du sang de Lilith

-Et voici la cerise sur le gâteau ! Le principe est simple, je vais soit vous donner le choix entre deux possibilités et vous devrez en choisir une et une seule, soit je vais laisser une phrase en suspens et vous devrez la terminer! Vous avez compris ? C'est parti !

Routine ou aventure? Routine aventurière et sanguinaire
Jour ou nuit ? Nuit
Froid ou chaud ? Froid
L'amitié pour toi c'est... Un échange de bons procédés
Vampires ou loups-garous? Vampires
Eau ou feu ? Eau
Bien ou mal ? Ça dépend de l'humeur ~
Tolérance ou intolérance ? Intolérance, surtout envers les humains
Sucré ou salé? Sucré
Dominant ou dominé ? Encore une fois, très changeant
Fidèle ou infidèle ? Fidélité d'esprit, pas forcément de corps
La vengeance pour toi c'est... Un sang qui se boit froid
Hommes ou femmes ? Femmes
Mature ou immature ? Mature mais avec l'habituel esprit enfantin suceur de sang
Blanc ou noir ? Noir
Le sang c'est... La deuxième meilleure chose sur cette Terre
Tension ou passion ? Passion pour certaines, tension pour d'autres
Honnêteté ou manipulations ? Manipulations
Seul ou accompagné? Seul, pour le moment
La confiance pour toi c'est...un artifice à utiliser soigneusement
Livre ou télé ? Livres
L'amour c'est... transcendant
Juge, jury ou bourreau? Bourreau
Le surnaturel c'est... supérieur, juste, noble
< La fin ou l'infini ? L'infini, et au-delà.