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ne shérif exemplaire. C’était ce qu’espérait être Athénaïs, et jours après jours elle veillait toujours plus au respect des lois à la Nouvelle-Orléans, la zone qui lui était confiée. Stricte mais juste, elle n’acceptait pas qu’on bafoue les règles, qu’on soit humain, vampire, loup-garou ou que sais-je encore, elle estimait que tous avaient des droits, mais aussi et surtout des devoirs. Assise à sa coiffeuse, la belle vampire venait de passer quelques minutes à se maquiller et à sa coiffer. Ses longs cheveux brillants étaient attachés en un chignon très sophistiqué et actuel. Quant à sa peau, elle était délicatement poudrée et rosée, un maquillage tout aussi naturel qu’elle portait sur les lèvres et les yeux. Bien qu’Athénaïs accorde beaucoup d’importance à l’apparence, elle n’était pas sa préoccupation première ce soir-là. Et pour cause : Il y avait moins d’une semaine, un vampire du nom d’Edgar Amps s’était fait remarquer de manière plutôt négative … Une famille du centre-ville de la Nouvelle-Orléans avait été retrouvée chez elle, vidée de son sang. Les parents, les enfants, et même le chien avaient fait les frais de la démence de ce vampire. Heureusement, l’affaire avait été étouffée par l’Autorité, bien trop inquiète que la réputation des vampires en prenne encore un coup. Pour autant, Athénaïs n’avait pas oublié ce tragique événement et avait d’ailleurs été chargée du sort du criminel aux dents longues. Un problème se présentait alors … Le vampire était rattaché à la zone 3, celle de Bâton-Rouge, et en bonne shérif qu’elle était, exécuter un vampire d’une zone qui n’était pas la sienne ne faisait pas partie des actions recommandées, surtout sans l’accord du chef de la zone en question …

Qu’à cela ne tienne ! Elle avait donc contacté un certain Kreyt Sokoliev, shérif de Bâton-Rouge, par email… Et oui, il faut bien s’adapter à son temps ! De façon assez officielle et protocolaire, elle l’avait invité à passer à sa villa un soir, pour pouvoir délibérer de tout cela au calme. Sa robe de soie blanche enfilée, elle descendit dans son salon où elle se servit un verre de True Blood en attendant la venue de son confrère. Il devait être aux alentours de 21h lorsqu’elle perçut le bruit caractéristique d’un briquet. Le son venait du seuil de la porte. Cela devait être lui. Alors, calmement, elle se regarda une dernière fois dans le miroir, c’était plus fort qu’elle. Puis, assurée que son chignon était en place, elle se dirigea vers la porte, son verre à la main. Lentement, elle ouvrit la porte et vit alors un homme assit sur les marches du perron. Les cheveux blonds comme les blés, il tenait une cigarette entre ses doigts et ne semblait pas vraiment pressé de finir de fumer … Athénaïs resta silencieuse quelques instants, ne sachant pas vraiment à qui elle avait à faire. Surtout, elle était très étonnée que cet inconnu, shérif ou non, se soit assis de cette manière pour fumer. A vrai dire, même si elle n’était pas du genre à faire des manières, il y avait bien des siècles que la belle ne s’était pas assise par terre …

Un sourcil haussé et un léger sourire sur les lèvres, elle se décida enfin à prendre la parole.

- Bonsoir. Le salua-t-elle poliment. Monsieur Sokoliev ?

Puis, désignant la cigarette du menton, elle reprit avec humour :

- On n’a pas perdu ses mauvaises habitudes d’humain visiblement !

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’inconnu mit quelques secondes avant de se retourner. Avant, il affirma d’une voix profonde et velouté à la fois qu’il était bel et bien celui qu’Athénaïs attendait. A vrai dire, il aurait très bien pu lui mentir qu’elle ne s’en serait pas rendu compte. Jusqu’à maintenant, elle n’avait absolument aucune idée de ce que à quoi le shérif de Bâton-Rouge pouvait ressembler. Et à en juger par son attitude au premier abord, la belle blonde se dit qu’elle avait à faire à un rustre … Un peu étonnée qu’il refuse les « présentations protocolaires » comme il avait dit, Athénaïs haussa les sourcils en se demandant si elle était vraiment vieux-jeu ou bien si ce Kreyt se la jouait trop … Cool. Cependant, lorsqu’il lui avoua que la cigarette était plutôt une habitude de solitaire, la vampire sembla enfin comprendre pourquoi il agissait ainsi. C’était le comportement parfait des hommes peu habitués à fréquenter le sexe opposé, et encore moins à tenter d’être le plus charmant possible. Cette soirée s’annonçait divertissante !

C’est alors que l’homme se retourna et plongea son regard de glace dans celui d’Athénaïs. Immédiatement, la vampire fut frappée par cette pâleur qui le caractérisait. Ses cheveux, ses yeux, ses sourcils et sa peau, si proches du blanc. Mais outre cette beauté si spéciale, elle remarqua avec incompréhension la ressemblance troublante que Kreyt avait avec son défunt mari … Dans sa vie humaine, la belle blonde était tombée éperdument amoureuse d’un français du nom de Philippe. Il était sa vie, le père de sa fille, celui avait qui elle aurait rêvé vieillir. Mais les choses ne s’étaient pas passées comme prévu, et Philippe avait été tué comme tout le reste de sa famille, pour une histoire d’argent et de pouvoir. Alors, quand elle contempla le visage du shérif de Bâton-Rouge et qu’elle cru voir feu son époux, la belle fut prise de vertiges et ferma les yeux quelques instants le temps de reprendre ses esprits. Elle détestait se montrer vulnérable.

Il l’appela par son prénom et lui tendit la main. Un geste bien humain …

- Oui ! Affirma-t-elle avec aplomb. C’est bien moi. Enchantée également. Lui dit-elle tandis qu’elle lui serra la main un peu maladroitement, n’ayant pas fait cela depuis des siècles.

Puis, elle fut surprise par l’attention délicate dont il avait fait preuve. Après tout, il n’était peut-être pas aussi « ours » qu’elle l’avait pensé au départ … Ne parvenant pas à détacher son regard du sien, elle tentait tant bien que mal de se concentre sur ses paroles. Si elle continuait, il finirait par la prendre pour une folle !

- Oh, c’est très aimable de votre part. Le remercia-t-elle en souriant.

Il était si étrange. Elle qui avait cette aisance à cerner les autres dès les premières secondes d’une discussion, avec Kreyt, elle se retrouvait bien troublée et incapable de mettre des mots sur ces émotions qu’il provoquait en elle. Intérieurement, elle se répétait : Il n’est pas Philippe.

- Je vous en pris, c’était la moindre des choses ! Lui assura-t-elle en posant amicalement la main sur son bras. Je travaille chez moi, je trouve qu’il est toujours plus agréable de traiter de sujets sensibles dans un environnement chaleureux, n’est-ce pas ?

Le contact de sa main sur le corps du vampire lui provoqua un léger hoquet de surprise. Elle n’avait pas vraiment fait cela volontairement, c’était comme si elle avait eu besoin de le toucher, de vérifier s’il était bien réel et si ce contact lui ferait remonter d’autres souvenirs … Il était de se reprendre, l’heure était grave, il s’agissait du sort d’un vampire meurtrier. Fronçant les sourcils pour se concentrer et chasser Philippe de son esprit, elle s’écarta d’un pas et indiqua l’intérieur de la villa de sa main.

- Si vous avez terminé, nous devrions entrer. Ce n’est pas pour nous prendre au sérieux, mais nous avons une mort ultime à décrêter. Lui annonça-elle un peu sèchement, un sourire froid sur les lèvres.

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