- -Commençons par le commencement. Où êtes-vous né ? Qui était votre famille ? Des frères et soeurs ? Comment s'est passé votre enfance ? En quoi cette période de votre vie a t-elle fait de vous ce que vous êtes aujourd'hui ?
Je suis né en mille-huit-cent-douze, en Irlande, d’une longue lignée de Ducs. Ma mère m’a donné le nom de Aindreas qui signifie en ma langue natale « Viril, courageux ». Je ne possède pas moins de trois frères et quatre sœurs mais je n’ai jamais eu de relations étroites avec eux. Je suis le deuxième fils de la famille et c’était donc mon aîné qui, un jour, était prédestiné à succéder au règne de mon père.
Nous avons tous été éduqué « à la dure » sachant que nous étions l’une des familles les plus influentes du pays. Cours d’histoire, de littérature, de langues, de mathématiques, de sciences, de musique, nous devions tout connaître pour faire honneur aux O’Connell (le O’ signifiant la descendance d’une Grande Famille). A l’inverse de mon grand frère qui a dû également prendre des cours de gestion d’un royaume, j’ai eu plus de temps libre pour me perfectionner dans chacune des matières. Nos professeurs particuliers étaient réellement fiers de moi et m’ont attribué le titre de « petit génie » de la famille. Mon père me regardait avec fierté, mon frère avec jalousie, bien qu’il ait toujours soutenu que l’intelligence face au pouvoir n’était rien.
Cette soif de connaissance ne m’a jamais quitté jusqu’alors. Je suis sans aucun doute plus cultivé que la moyenne et je possède un Q.I très élevé. Cette éducation m’aura permis de rester un homme honorable et distingué.
- -Bien. A présent, parlons de votre adolescence, l'âge ingrat et tout ça ... Étiez-vous heureux ? Le collège, le lycée, ça vous dit quelque chose ? Avez-vous vécu un élément marquant pendant cette période ? Une découverte ? Le sexe peut-être ? Le surnaturel ?
De par son rang d’aîné de la famille, mon frère a toujours été le plus convoité par la gente féminine, mais j’ai eu ma part de gloire. J’étais le petit génie de la famille qui fascinait grâce à son intelligence et non pas grâce au fait que j’allais devenir Duc, ce qui était le cas de mon frère.
Entre dix-sept et vingt ans fut mes meilleures années en terme de découverte du sexe faible. Je ne pense pas avoir eu plus de conquêtes que mon frère, mais j’ai très certainement hérité des plus intéressantes. Des femmes aux esprits ouverts, drôles, parfois fantasques et sans aucun doute dotées de ce que mon frère ne souhaitait pas affirmer : l’intelligence. Alors que mon frère se contentait de conquêtes d’une nuit, moi j’allais bien plus loin. J’apprenais à les connaître, écoutais leurs histoires, racontais les miennes, les promenais, les faisais danser par plaisir et non par obligation. J’ai connu ce que quasiment aucun homme de mon rang et de mon époque n’ont connu : l’amitié entre un homme et une femme.
Je crois que c’est ce qui a toujours dérangé mon frère, ne pas être adulé à cent pour cent, pas pour sa vraie personne, comme moi. Je pense également que c’est pour cela qu’il a souhaité participer à ce défi barbare qu’organisait le pays. Les participants étaient confrontés à plusieurs étapes où chaque fois l’un d’eux était éliminé par la mort. Il avait envie de briller encore plus.
C’est en mille-huit-cent-trente-deux que ce tournoi lui coûta la vie, lors de la dernière épreuve. Cette époque changea tout et pour ajouter à mon malheur mon père mourut trois ans plus tard. Ma liberté s’envola et les dures responsabilités de Duc me tombèrent dessus. A partir ce moment-là je dû oublier mes fantasques idées de voyages vers l’inconnu et à vingt-trois ans et dû « grandir » rapidement.
- -Je vois ... Passons à votre passage à l'âge adulte. Comment avez-vous vécu cela ? Et les relations amoureuses dans tout ça ? Je suis persuadé que vous avez des choses à nous dire là dessus ! Un évènement traumatisant ? Ou au contraire, une fabuleuse expérience ? Dite-nous tout !
La prise de pouvoir a d’abord été très dure. Tout a été tellement rapide, entre la mort de mon frère qui m’a propulsé au rang de successeur sans que personne n’y soit préparé, puis la mort de mon père qui m’a obligé à le succéder. Je n’avais pas la place de favori dans la tête de la population, et le peuple avait peur pour lui, ainsi que les nobles pour eux. Ils espéraient que je ne ruine pas le royaume. J’ai mis quelques années avant de gagner la confiance du peuple : ils avaient enfin un souverain qui voulait leur bien, qui s’inquiétait de leur bien-être, de leurs idéaux. Autant vous dire que tout cela n’a pas été du goût de mes semblables. Mes sœurs, vaniteuses au possible et trop attachées au pouvoir que leur procurait leur rang social, m’ont dénigré et ont tout fait pour me faire tomber : elles en ont payé le prix fort et ont été chassées de
mes Terres. Mon petit frère a pris mon parti mais a décidé de s’implanter ailleurs : je ne l’ai jamais revu depuis son départ. Il ne restait alors que ma mère, prête à tout pour me garder près d’elle.
J’étais un Duc des temps moderne, joyeux, fantasque, séduisant et quelque peu libertin. Je me suis fait une réputation qui me poursuit encore pour ceux qui me connaissent réellement. A l’âge de trente ans j’eus pour obligation de me marier, afin de sauver les apparences et montrer au monde que j’étais quelqu’un de sérieux et rangé – ce que j’étais réellement, sauf en matière de sentiments. Ma femme, Ornóra, était de quinze ans ma cadette et était malheureusement trop candide à mon goût. Elle ne ressemblait en rien aux jeunes filles qui j’avais pu courtiser avant de devenir Duc et je me suis lassé d’elle très rapidement. Je crois qu’elle m’aimait sincèrement et que la non réciprocité de cet amour l’a profondément blessée, même si en un sens j’avais de l’affection pour elle.
C’est donc une vie sans amour véritable que j’ai mené jusqu’à ce que je
la rencontre. Agnès Lancaster, une française venue en visiteuse dans mon pays. J’ai de suite été porté au Paradis quand elle s’est présentée à moi. Elle possédait cette beauté juvénile et pourtant tellement femme qui qualifiait bien les française de cette époque. Indomptable Agnès, aventurière hors pair et fervente amatrice d’Art. Le romantisme littéraire, les Opéras comiques, l’impressionnisme, la révulsion complète pour le Second Empire. Elle avait trente ans mais paraissait aussi fraiche que la rosée du matin. Elle possédait un brin de folie absolument divin qui me rendait fou. Ornóra a tout de suite compris de quoi il en retournait mais n’a jamais fait de scandale, préférant rester dignement la femme du Duc O’Connell dont elle était malheureusement folle amoureuse.
Mon idylle avec la douce Agnès aura duré un an en tout et pour tout. Pourquoi ? Parce qu’il s’est avéré que c’était une traitresse, une menteuse qui m’avait caché le plus terrible des secrets : la belle n’était pas âgée de trente ans comme elle me l’avait confié, mais de deux-cent ans. Comment cela est-il possible ? Parce que c’était un
vampire. Oui, ça doit également être cette tête que j’ai faite lorsque j’ai su. Elle sembla tellement heureuse de me dévoiler la vérité que l’espace d’un moment je me crus fou de ne pas sauter de joie à mon tour. Pourtant je ne pouvais me résoudre à être satisfait de cette révélation : ainsi dont j’avais été dupé par un monstre de légendes. Etait-elle seulement réellement Agnès Lancaster ou bien tout avait été un petit jeu dès le début ? Je décidais de la chasser du manoir, de mes Terres, d’Irlande. Ma réaction violente me coûta mon humanité. Trop peu désireuse de me perdre elle décida de me transformer en cette même monstruosité qu’elle était.
L’enfer fut pire encore lorsque je m’éveillais dans ce nouveau corps, plus fort, plus jeune, plus diabolique. Le sang était devenu une véritable tentation à laquelle je ne pouvais pas résister. Elle avait fait de moi un monstre et mes sentiments vampiriques ne firent qu’accroitre la haine que je ressentais envers elle. La mort : voilà ce que je désirais par-dessus tout, ne plus exister, mais Agnès, ma très chère créatrice me l’interdit. C’est ainsi que je découvris la puissance du lien qui uni un créateur à sa progéniture, Agnès à moi.
Je me fis passer pour mort auprès du mon royaume et ne suis jamais revenu après lors. A partir de ce moment-là je fis un travail de recherches immense pour tout connaître de l’espèce à laquelle j’appartenais désormais.
Je réussi malgré son emprise à prendre la fuite et vagabondai pendant près de cent ans absolument partout dans la planète. Je devins plus mûre dans mon existence de vampire, plus réfléchi, plus fort, plus méticuleux et plus ancré dans mon idée de vengeance que jamais. A aucun moment cette condition de vampire ne m’a plu et j’ai toujours juré que j’éliminerai tous ces êtres de la nuit, à commencer par
elle. Agnès n’a pourtant pas été ma première victime. J’avais décidé de me perfectionner dans l’art d’ôter la vie d’un vampire avant de m’en prendre à cette diabolique femme.
A l’anniversaire de mes cent ans de mort, je retrouvai Agnès et, en ayant accumulé du savoir, de la force, je pris la seconde vie de ma créatrice.
Ma liberté totalement retrouvée je me mis en quête de mon devoir : j’allais devenir chasseur de vampires.
- - Assez parlé du passé ! Je veux tout savoir de votre présent. Exercez-vous une profession ? Avez-vous une famille, une âme soeur ? Et que faites- vous ici si vous n'y avez pas grandi ? Quels sont vos objectifs dans la vie ?
Effectivement. Je suis écrivain, ce qui me permet de vivre ma vie de nomade et ne m’empêche pas de réaliser ma destinée. Aujourd’hui, mon tableau de chasse est des plus honorables, les humains s’ils le savaient me remercierait. Comme dit un peu plus haut je n’ai aucune attache. Je ne souhaite pas être affaibli par un superflu de sentiments. Je me contente des rencontres hasardeuses et furtives, faisant mes valises lorsque tout devient trop sérieux à mon goût.
Je suis arrivé ici il y a quelques semaines. Personne ne me connait, sauf quelques vampires qui auraient pu croiser mon chemin ces cent cinquante dernières années. Mon objectif n’a jamais changé, vous vous en doutez.
- -Intéressant ... Maintenant, j'aimerais que vous me décriviez quelle fut votre réaction lors de la Grande Révélation des vampires ? Quelle relation entretenez-vous avec tout ce monde surnaturel ? Et si vous en faites partie, êtes-vous à l'aise avec votre nature ? Que pensez-vous de la menace qui règne sur les loups-garous et les métamorphes ?
Comme une grande catastrophe me concernant : si les vampires sont connus et reconnus, mes meurtres risquent d’être repérés plus facilement. Mais l’un dans l’autre il y a du bon, notamment l’invention de ce sang de synthèse qui me permet de vivre sans avoir à liquider un humain. Oh évidemment, après tant d’années à boire à la source, un certain manque se fait ressentir, mais j’ai toujours de quoi calmer le manque. En effet l’humanité à son lot d’êtres abominables. Des tueurs, des violeurs, des psychopathes, il y en a des tas et c’est toujours un plaisir d’en débarrasser le monde.
- - A présent, j'aimerais pouvoir me faire une image de vous dans mon esprit ... Décrivez-vous physiquement, votre style vestimentaire, vos signes particuliers, voir votre forme animale ...
Vous avez donc réellement gardé les yeux clos tout ce temps ? Je ne suis pas le plus grand des hommes mais j’ai une taille assez banale. Je ne suis pas mince mais mon poids est proportionnellement réparti sur l’ensemble de mon corps qui est musclé comme il le faut. Mes cheveux sont bruns et toujours bien coiffés. Mes yeux sont marrons glacés, mes cils longs affinent mon visage. J’ai les lèvres plutôt pleines et bien dessinées, un vrai délice à embrasser parait-il ! Je suis rarement rasé de près, sauf en de rares occasions.
Mon style vestimentaire reste très chic et distingué, héritage de ma vie humaine. J’aime ce qui est sophistiqué et vous ne me verrez jamais en jean.
J’ai une petite cicatrice sur la joue droite, vestige de mon passé.
- -Bon, et bien je crois que nous avons fini. Avez-vous autre chose à rajouter ?
Bien évidemment. Pensiez-vous réellement que je me promène avec marqué sur le front « je suis un chasseur de vampires » ? Bien sûr que non. J’agis dans l’ombre et je dois bien avouer qu’après tant d’années de services je suis devenu un véritable professionnel. Aucune personne n’est au courant de mon identité secrète et je fais tout pour que cela reste le cas. C’est d’ailleurs pour cela que, même si je me hais pour ça, je fais quelques petites entorses à mes propres règles. Alors, ravi de vous avoir connu.
*Les lumières s’éteignent, un cri perçant et déchirant résonne dans la pièce, le bruit de la chair qui cède sous les crocs se fait entendre et, rapidement, la respiration saccadée cesse. L’homme, après avoir nettoyé le lieu de son crime, se débarrasse de la paperasse le concernant, la bande son et les images et fini par jeter le corps dans un endroit où il ne sera jamais retrouvé.*
♠ Routine ou aventure? Aventure
♠ Jour ou nuit ? Nuit
♠ Froid ou chaud ? Chaud
♠ L'amitié pour toi c'est... pas d’ambigüité.
♠ Vampires ou loups-garous? Vampires
♠ Eau ou feu ? Feu
♠ Bien ou mal ? Bien, mais nous avons tous une part des deux au fond.
♠ Tolérance ou intolérance ? Tolérance
♠ Sucré ou salé? Salé
♠ Dominant ou dominé ? Dominant
♠ Fidèle ou infidèle ? Fidèle
♠ La vengeance pour toi c'est... ma destinée.
♠ Hommes ou femmes ? Femmes
♠ Mature ou immature ? Mature
♠ Blanc ou noir ? Noir
♠ Le sang c'est... une survie.
♠ Tension ou passion ? Passion
♠ Honnêteté ou manipulations ? Manipulation tout en étant honnête
♠ Seul ou accompagné? Seul
♠ La confiance pour toi c'est... difficile à donner.
♠ Livre ou télé ? Livre
♠ L'amour c'est... un mal pour un bien, ou l’inverse.
♠ Juge, jury ou bourreau? Juge
♠ Le surnaturel c'est... une part de rêve.
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♠ La fin ou l'infini ? L’infini a une fin. Si si je vous jure.